A l’unisson se soulever

Elle regarde la pluie tomber, au ralenti. Chaque goutte qui s’écrase sur le bitume déjà trempé et qui au lieu de mourir, là, rebondit.

Et toutes elles font cette pirouette, toutes elles refusent de mourir, et juste avant, elles font se soubresaut points levés.

Oui, chaque goutte tombe, et se relève. Comme un rideau d’eau qui s’abat, mais pas complément.

Et pendant ce faux « acte final », cette rébellion invisible, se soulèvement silencieux ; tout – autour – continue comme si de rien n’était.

A la question, hors de sa torpeur, qui vient comme à la porte frapper – elle répond : « quelque chose de simple, de calme, avec du sable à l’infini sur lequel poser ses pieds au son de l’océan ».

Mauvaise réponse – La question avait quelque chose à voir avec le petit déjeuner, pas avec le projet de s’échapper de cette ville en marche vers la révolution. L’évasion, ne serait-ce que pour un instant.

Mais le temps a dû s’écouler trop vite. C’est ce qui arrive quand la pluie absorbe tout, tous, et toutes.

Et puis comme ça, un bus qui passe, elle le voit, le 325. Le 325 qui écrase sous ses roues énormes ces gouttes à qui la vitesse de l’engin aura volé leurs remontées vers l’extase, vers le ciel.

Et puis comme ça, en voyant le 325, il se penche sur elle et s’en va en courant. Et les gouttes, elles l’attaquent, sur lui elles ne rebondissent pas, elles plongent et s’enfoncent. Parce que vu d’en haut, on ne célèbre pas, on ne se soulève pas pour les actes manqués ; pas ceux là.

Alors elle aussi, elle se lève, ouvre son parapluie pour que la pluie puisse faire du trampoline et sans se retourner vers le train se diriger.