Cul de canard

En mission logement à la recherche du cocon douillet qui va devenir mon nouveau chez  moi. Une démarrage tardif et deux heures plus tard, une seule visite en poche, me voilà déjà attablée face à un tant désiré Vittoria soy cappuccino, gribouillant un fran-glish malhabile qui me fait intérieurement sourire. J’attends ma prochaine visite, j’ai deux heures dédiées à ma rêverie intérieure.

Le bruit, les voix, le goût, l’odeur, le parquet en bois foncé, lattes fines, je me sens dans mon élément avec ses accents italiens et ces rires sonores qui fusent sans s’annoncer. La déco est sobre, c’est boisé, les assiettes se heurtent les unes contre les autres, s’embrassant parfois violemment. Dans une mécanique implacable les grains de café s’affolent essayant de remonter à la surface du broyeur pour ne pas, pas encore, pas tout de suite, finir moulu alors que déjà certains du fond se sont fait happer par la bête, c’est sans appel.

Mon cappuccino est en voie de devenir. Sous les doigts experts d’une jeune asiatique rondelette portant boucles d’oreille et serre-tête.  Le même genre que celles que l’on retrouve dans les salons de manucure. Sauf que celle ci c’est une magicienne, de loin mon meilleur café de la semaine. Je lui dis. Elle sourit. Moi aussi.

Au dessus de la porte qui va aux toilettes est accroché ce que je ne saurais décrire autrement qu’une planche de bois avec dessus trois culs de canard alignés.  Vous savez quand un canard plonge on voit son arrière train en pointe et ses deux pattes palmées voltigeant en l’air maintenant le subtil déséquilibre de l’opération. Et bien trois de ces spécimens sont accroché au mur… Et je fais une fixette dessus.