Emprise des contraires

On n’a pas fini de balayer les mêmes sols à l’infini. Tout le travail sur soi se ressent comme la poussière sur les meubles ; la nature propre des choses vous rattrape, et la poussière inlassablement revient, recouvre votre mobilier – intérieur.

Le temps n’épargne rien, il ne condamne pas non plus, il est, et face à lui chacun sa stratégie. Crème anti ride, sport, séminaire, cours du soir, lui, elle, une cigarette, Buddha, un verre de merlot. Comment faites vous vous pour continuer tous les jours en essayant de faire avancer les choses dans le temps qui nourrit et fleurit? Contemplez vous le temps qui tue et passe impassible ou regardez vous les jours comme une floraison infinie et nourricière ?

Je le sais, la question n’est pas la bonne, elle illustre simplement la dualité et le déséquilibre dans lequel on vit. On réclame le tout positif, on pleure et se débat comme des enfants devant le négatif, le drame du quotidien. La terre qui souffre autour de nous et on continue de croire que cela est réservé aux morceaux du monde où nous ne sommes pas.  Rien à y faire, on a du mal à admettre, que l’un ne va qu’avec l’autre. Plus et moins. Moins et plus. Joie et peine. Toi et moi. Puis moi sans toi. Je plaisante, pas.

Tout a une polarité. Manichéenne est notre société. On nous éduque pourtant à penser trinité : thèse, antithèse, synthèse. Mais la synthèse n’a pour objectif que de vérifier que vous êtes capable de penser par vous même, de faire la balance entre deux idées opposées. La synthèse c’est le pivot du milieu qui maintient l’équilibre du balancier entre des idées contraires qui se battent, se soupèsent. Mais dans la synthèse vous n’ajoutez rien – c’était bien là le problème.  Nous composons avec les contraires depuis la nuit des temps, et pour autant, on penche toujours du même côté en essayant d’ignorer l’autre.