Les trois reines

Trois pièces qui tombent par terre dans les toilettes, toutes les trois du même côté : face.

20 cts, 20 cts, 10 cts.

Trois reines qui valent 50 cts, 1/7 d’un café taille « regular ».

Ensemble, ou même seule, elles pèsent plus lourd qu’un billet.

Si Marley était là, il aurait sans doute dit : « flip a coin » juste avant, l’instant d’avant.

« Oui en effet », puis un silence songeur auraient suivis.

Mais Marley n’est pas là et coincée entre le toilette de gauche et celui de droite je scrute mes trois reines en cherchant une réponse à une questions que je ne me rappelle pas avoir posée. Qu’elle était ma question ?

Je les regarde par terre formant un triangle entre deux carreaux de carrelage gris en m’attendant à ce qu’elles se mettent à bouger toutes seules comme dans un jeu de Jumanji en même temps qu’un rhinocéros affolé débarquerait dans l’open-space d’où j’entendrais monter des hurlements.

On assisterait à une corrida moderne, technologique.

Finalement je ramasse mes reines qui rappellent la bête. Le temps que je rejoigne mon bureau, le silence des geeks règne à nouveau ; bien plus lourd que celui des trois Majestés.