Il est parti la vieille à la nuit tombée en « mission secrète » a t’il dit ; sans téléphone mais au volant d’une vieille BMW couleur feu bleu foncé.
Elle a pensé regarder dans le téléphone abandonné derrière avec elle pour y trouver des indices, mais après réflexion elle a jugé que cela devait être un piège.
Au levé du soleil il a demandé à être accompagné pour une marche matinale le long de la falaise. Ce n’était pas dans ses habitudes ; une autre « mission secrète » pensa t’elle.
Avançant sur le rebord du monde, l’océan est lui aussi entre deux eaux, les yeux ensommeillés alors que les premiers rayons viennent chatouiller la surface tirant les couvertures et laissant des patchs de lumières percer les fonds.
Vus d’en haut, cela ressemble à des scintillement d’étoiles tombées dans l’eau à la levée de la nuit. Une sorte de suicide collectif des lucioles du ciel qui se serait laissées tomber en masse, bien serrées les unes contre les autres, à l’heure où les chiens promènent leurs maitres.
Finalement, devant le drame éblouissant de la scène, il ne dit rien, et c’est tant mieux. Les matins silencieux laissent place aux rêveurs, prolonge leurs voyages.
Etait-elle réveillée ou était-elle encore perdue dans les errances du subconscient quand elle a imaginé que la « mission secrète » allait être révélée et que cela allait être beau.
Beau parce qu’il l’aurait organisée, triste car ce n’est que la réminiscence d’un rêve dont il ne reste que des quelques morceaux à l’image de ces tâches luminescentes qui parsèment l’océan. Faiblesse d’un nuage qui laisse passer l’espoir.
Dans un bâillement sonore laissant voir une salive baveuse et blanchâtre comme lui seul sait le rendre charmant, l’océan met alors fin au rêve et fait son rappel.
Si mission il y avait : se réveiller au rythme de l’eau qui brille et des étoiles qui coulent…