Robinson entouré de bouffons

Je réfléchissais à la solitude. Ce de manière très éparpillée. Je pensais à ce film français, “l’exercice de l’état”, qui incarne à la fois le chacun pour soi, la trahison, la fausse loyauté, et ce autour d’un personnage central: le ministre. Personnalité publique entourée mais seule et “sans amis” qui en vient à se bourrer la gueule avec son nouveau chauffeur. Je pensais à tous ces gens qui se sont retrouvés chez eux “confinés”, seuls, ou parfois avec des gens qu’ils au fond détestent, n’aiment pas ou n’aiment plus. Ceux qui se sentent seuls car ils sont seuls. Ceux qui se sentent seuls car autour d’eux personne ne les comprend ou n’a envie de les connaitre. Ceux qui se sentent seuls car il se sentent vides. Ceux qui mènent des combats isolés, seuls contre tous, seuls à l’insu de tous. Je pensais à la série “London Spy” et la série “Sweet tooth” où le secret est une facette de la solitude. L’un comme l’autre ne se partagent pas, ou alors ils cessent d’être. Je pensais à ceux qui n’ont personne vers qui se tourner, à qui parler. Ceux qui se veulent seuls. Ceux qui n’ont de rapport à l’autre qu’indirectement, anonymement, à travers des filtres. Je pensais à moi, affublée d’un nom d’île et ironiquement coincée et prisonnière sur une île. Pour toujours étrangère et entourée de gens que je ne comprends pas, qui ne me comprennent pas. Le déracinement, la distance, facettes eux aussi de la solitude. Et puis j’ai pensé à Robinson : Qu’aurait-il pensé s’il avait été entouré de bouffons? Se serait-il senti seul? Cet immense paradoxe de la solitude. Entouré mais seul. Plus que jamais seul.