Sous le regard de l’autre

Sur la pointe des pieds, il parle au travers les barreaux d’une fenêtre du rez-de-chaussée de laquelle sort une main et une ceinture dont il s’empare. Il est mince et clairement en a besoin pour tenir son jean. Ses cheveux noirs luisent et dégoulinent encore, ondulant de chaque côté de son visage. Sorti de la douche en courant, il a sauté dans son pantalon pour ensuite sauter dans le mauvais bus. Pendant ce temps, il l’observe de sous son chapeau et au croisement de deux regards qui s’accordent, ils se suivent et s’assoient côte à côte. L’un dans la bonne direction, l’autre se laissant conduire vers la mauvaise. Son sourire laisse filtrer une voix. S’attendre à un accent couleur caramel comme sa peau. Mais la langue est impeccable, les yeux sont incendiaires et rieurs. Il respire la joie et la bonne humeur, irradie et attire l’attention comme un enfant insouciant de lui-même et de ce qui l’entoure. Et comme un enfant, cette attention il en a besoin, il la demande, il la cherche. Tout pour lui et pourtant ce vide à rassurer. Incapable de rester en place, incapable de rester seul, incapable d’être présent. Des yeux qui tantôt cherchent, tantôt évitent. Sous un autre regard séduit par la beauté et l’inconscience qu’il porte ensemble sans même le savoir, en toute innocence, en plein aveuglement de lui-même ; sous ce regard extérieur, il est l’autre, il est tous les autres.