La poésie dans les yeux. Filtre de vérité qui embellit et sublime l’instant perçu. Elle rend les gestes précieux, précis, appréciés. Elle s’empare du café de la gare, coincé dans le mur à côté de l’entrée. Deux mètres carrés à l’intérieur desquels ils se partagent l’espace. L’un d’eux disparaît derrière le comptoir à la recherche de lait sans lactose. Il en trouve. Il va chercher ensuite le café sans caféine, décaféiné sans produits chimique. C’est inscrit sur l’emballage du sachet dont il extrait une poudre sombre qu’il verse dans le porte-tamis qu’il pèse ensuite sur une petite balance. Le charme se mêle à son désir d’exactitude. Il racle le trop plein, puis repèse, et recommence. Les gestes sont exactes, chaque mouvement soigné. Il y met tout son cœur dans cette substance qu’il verse à présent dans une tasse cartonnée sur laquelle est imprimé sur fond rouge le visage souriant de Mandela. Mélange d’arabica recouvert de neige fondue, mousseuse. Une montage dans un gobelet au sommet de laquelle il saupoudre à présent du chocolat. Et dans chaque détail, le même soin porté au même geste, exécuté encore et encore avec une présence imperturbable. Ensemble; ils sont beaux.
Beauté du geste
Mahé, Sep 11th, 2016