L’eau est plate. La baie s’embrume à la surface. Les bâtisses des juges, artistes, stars et écrivains s’allument de l’intérieur à mesure que la lumière baisse et le froid gagne.
Le ferry ici ne passe qu’une fois dans l’après midi. Le ponton est vide, humide, les planches de bois sont noircies.
Un bruit d’eau régulier, juste un son, celui des rames d’une barque minuscule et dedans un homme qui manie l’ensemble comme un maitre son pinceau. Demi-tour exact sur lui même, abordage en douceur et sursaut : “Oh je ne vous avais pas vue !”
C’était réciproque, au moins au début.
Il débarque, ses gestes sont précis, ses cheveux, sa barbe sont hirsutes.
Il porte sur son dos la coque en plastique qui quelques secondes plus tôt le portait lui.
Il ressemble à un homme des forêts, pas à un baroudeur d’eau salée. Ce n’est pourtant ni l’un ni l’autre, cet homme vit la tête dans le ciel où il répare les pilonnes électriques.
“Avez-vous besoin d’aide ?” – Il était évident que non, mais par politesse la question avait été posée.
“Non, non. Surtout continuer de faire ce que vous faites parfaitement, restez assise là et soyez belle”.
“D’accord”.