Franco

Frank a cette façon italienne de dire au monde qu’il n’en a rien à foutre. C’est son antre « two ants », son café, son quinze mètres carrés qui contient tout le quartier. Une version moderne du sac de Mary Poppins. On s’y entasse, on attend debout ou accoudé aux fenêtres, 20 minutes s’il le faut. Devant l’entrée, quelqu’un a gravé dans le bitume « We love Frank ». Frank il porte son éternel polo Ralph Lauren bleu marine, chaque jour que dieu fait. Un polo magique rempli d’un ventre tout rond que vous enserrez de toutes vos forces, de toute la longueur de vos bras. Frank te regarde droit dans les yeux, devant son fils qui voudrait faire la même chose, et te dit combien tu le rends heureux juste d’être là. Et là tu craques. Il se fout du monde autour, de la queue dehors et dedans, il te serre contre lui comme si tu étais la plus belle chose que la vie lui ait jamais donnée. Il te prend dans ses bras, non pas une fois, deux fois, mais parfois trois. Il t’y tient là, comme un miracle et il sourit comme un gamin, et toi aussi. Et il y a cette chimie en plein public, cette extasie qui crie au monde : Merci la vie.