Sara elle a vu le film deux fois.
Deux fois elle a dit non merci à Sara.
Le troisième jour elle y est allée. Sans le dire à personne, à part à Sara.
Elle a attendu le début du film pour changer de fauteuil et s’éloigner du groupe d’asiatique qui au dernier moment s’est étendu sur la rangée juste devant la sienne.
Abandonné le K8 pour un siège inconnu. Parfois la vie nous fait faire ce genre de choix.
Elle pense à ses nouvelles lunettes consciente d’avoir fait un mauvais choix. Cette fois.
La salle entière est en équilibre, on entend l’inconfort des assises qui remuent, les nez humides que l’on essuie d’un revers de manche.
En silence chacun lape ses lèvres salées, évacue les blessures cachées.
Une vielle dame portant un bob applaudit debout toute seule accompagnant le générique final.
Sa manière à elle de supporter la fin alors que le reste n’y parvient pas et sort vidé, épuisé, mouillé.
Dehors rien n’a changé, pourtant on respire l’air ; consciemment on respire.