Même en avion, le temps ne se remonte pas, presque pas. Un jour nouveau, un nouveau pays et avec lui un choc de l’esprit dont l’onde parcours le corps à la vitesse de l’angoisse. Un grand jeu du dévisage ; je te regarde, tu me regardes, ta couleur, ma couleur, et tous ces différences qui face à face se détaillent. Par delà la misère, des sourires aux dents blanches, des corps opulents enrubannés de toutes les couleurs qui se fondent dans la poussière, les klaxons et le croassement des corbeaux. Des déchèteries géantes peuplées de joie de vivre où les minutes se comptent en heures. Chaque bien se négocie dans une langue où « non » ne se dit pas et où les têtes se dandinent d’un côté et de l’autre. Les cheveux sont noirs, épais, tressés jusqu’en bas du dos, les écolières portes des rubans aux bouts de leurs nattes. Les yeux noirs brillent comme des soleils en pleine nuit. C’est enivrant d’ambiguïté et de bling-bling pailleté au milieu des quartiers déshérités.
Ambiguïtés
Mahé, Jan 9th, 2015