Voix-là

Il ne se présentera pas. D’ailleurs il refusera qu’on le présente. Certains diront qu’il est arrogant, d’autres comprendront.

Chaque jour il a un « rendez-vous d’écriture », comme il l’appelle. Une lettre d’amour à soi-même. Une par jour. Une déclaration à qui il est. Et chaque jour, il est un autre que la veille. Alors à quoi bon la peine de s’attacher à sa représentation, quand celle-ci, d’heure en heure se transforme.

Cet homme là, il vous emmène en voyage de dix mètres de long. Du salon, à son bureau. Ne pas s’éloigner, sait-on jamais… Vous pourriez rencontrer l’Homme. Pourtant il prévient : « c’est rare de rencontrer un homme ».

Vous faites quoi dans la vie à part écrire ? demande un journaliste à la voix qui irrite.  « Secrétaire des fleurs ».  Ah…           Il semblerait que le journaliste n’a soudainement plus rien à dire. Et l’écrivain alors de rappeler : « la voix, c’est la relique absolue ». Il aurait pu dire les mots, ou bien les livres. Mais il a choisi leurs vibrations. C’est tellement logique.

Encore plus que l’odeur ; la voix vous hante. Vous perdrez l’odeur, mais la voix vous la chercherez toujours. Vous suivrez des inconnus dans des dédales dans l’espoir maladif de la retrouver, de la capturer. La voix qui définit celui qui se dit indéfinissable.